EFFONDRÉ·E·S

Théâtre Documentaire

Julien Avril

Conception, écriture et mise en scène
Julien Avril
Conception sonore et musicale – Martin Antiphon et Olivier Pasquet
Conception scénographique, vidéo et objets – Lola Sergent et Élie Barhès
Conception lumières – Victor Inisan
Régie générale – Foulques Gardin
Avec – Marion Amiaud, Lucas Bedecarrax, Mathieu Ricard, Hélène Sir Senior

Dans une bulle temporelle, trois acteurs explorateurs mettent en lumière le paradoxes qui conduisent le système Terre vers son effondrement. Prenant part à leurs expérience, un musicien transcrit tout ce que racontent plantes, bêtes et pierres. Un personnage de synthèse parlera au nom de tous les objets fabriqués par l'homme. Démultipliant les points de vue, ce spectacle croise science-fiction et documentaire pour mettre en mouvement nos imaginaires.
Coproduction – Compagnie Enascor, Scène de Recherche - ENS Paris-Saclay, Théâtres en Dracénie scène conventionnée d’intérêt national mention Art et Création-danse. Avec le soutien de la CASDEN.

Du 13 au 23 octobre 2022
à la Reine Banche - Scène des Arts et des Sciences
en semaine à 21h, le samedi à 20h, le dimanche à 18h

2 bis passage Ruelle 75018 Paris
reservation@scenesblanches.com
https://www.reineblanche.com/calendrier/theatre/effondre-e-s


-La Pièce-

Dans un espace figé dans le temps, des machines continuent de diffuser des fragments d'informations, échos de la société thermo-industrielle du début du 21ème siècle : documents sonores, images, papiers... comme le bruit de fond d'une civilisation évanouie. Trois acteurs y pénètrent et tentent d'en rassembler les morceaux, d'en reconstituer les pans pour mieux les faire s'écrouler à nouveau et contempler, comprendre, ressentir cette chute. Dans leur quête, ils sont accompagnés par un musicien, capable de donner la parole à ce qui sort du champs de la pensée humaine : ce que racontent les plantes, ce que rêvent les bêtes, ce qui console les pierres. Ensemble ils représentent les problématiques environnementales, sociales, économiques, politiques qui caractérisent notre temps géologique, qualifié d'Anthropocène. Alternant entre le récit, le drame, la chronologie ou encore la cantate, ils mettent en lumière les paradoxes qui ont conduit le système Terre tel que nous le connaissons vers son effondrement. Sautant parfois du réel à la fiction, ils laissent aussi s'entrevoir les liens invisibles (ou « invisibilisés ») qui relient toute la matière entre elle et qui tracent les contours du « monde d'après ». Mais sont-ils les prisonniers d'une boucle infernale, condamnés à rejouer éternellement le même rituel qui a conduit leur univers à sa perte ? Ou bien sont-ils des messagers du futur qui viennent nous raconter leur atterrissage sur la providentielle Planète B.

-Note d'intention-

L'effondrement est là. Ce concept est déjà presque usé, galvaudé tant il est repris par tous au nom de tout. Ses contours sont pourtant encore incertains. Et cependant il s'est invité plus vite que prévu dans nos vies, lors de cette crise sanitaire. Quel rôle le théâtre peut-il jouer dans l'appréhension d'un tel phénomène ? Nous n'avons pas besoin de leçons d'harmonie avec la nature, nous n'avons pas besoin de sermons écologistes. Nous avons besoin d'agir. Nous avons besoin d'action. Et le théâtre est l'art de l'action. Il nous donne les outils de représentation pour faire l'expérience d'un monde différent du nôtre. La science nous donne des clés pour comprendre, mais nos consciences ont des verrous sensibles que seule la poésie parvient à crocheter. Nous tenterons de créer les conditions d'un choc esthétique, émotionnel, intellectuel qui mette la petite communauté qui se constitue dans la boîte noire d'une salle de théâtre en action.

Il nous faudra partir d'un état du monde qui se désagrège. Un espace qui tombe en lambeaux. Nous éplucherons les unes après les autres les différentes couches qui le compose (climatique, biologique, politique, sociétale etc...) Nous nous servirons pour chacune d'elles des outils du théâtre qui permettent de les représenter au mieux, convoquant les codes de jeu et les formats d'écriture nécessaires : le drame évidemment, mais aussi le récit, l'épopée, le journal, la chronologie, la chanson... Nous mettrons en lumière les paradoxes, les liens de cause à effet, les solutions négligées, les catastrophes présentes et annoncées. Nous nous ferons apocalypticiens prophylactiques, pour mieux enrayer la machine. Nous serons des prophètes qui ne demandent qu'à être mis en défaut. Et à mesure que nous ferons se dérober le sol sous nos pieds, nous tenterons de donner à voir ce qui nous relie malgré tout à notre environnement, ce qui nous tient encore en suspend, les ébauches du monde d'après qui s'invente dans les ruines, la forêt en puissance que cache l'arbre en « plastoque » à abattre. De quel engrais pourront nous servir les résidus de la société thermo-industrielle ? Qu'est-ce qui pousse déjà, en silence, dans nos campagnes ou dans nos têtes ? Effondré.e.s, en inclusive, à l'égard de tout le monde, humains et autres qu'humains, comme un jeu d'équilibre précaire entre information et fiction, données et imaginaires, chute et germination.

-Dispositif scénique-

Pour l'élaboration du dispositif scénique d'Effondré.e.s, les artistes de la Compagnie Enascor vont s'associer aux élèves de l'ENS Paris-Saclay à travers un « Programme Interdisciplinaire Collectif ». Ensemble, au cours de résidences de recherche création à la Scène de Recherche, nous réaliserons la première image du spectacle. Celle-ci « s'effondrera » peu à peu en devenant le terrain de jeu des acteurs au fil du drame. Il s'agira de plonger le spectateur dans un espace peuplé de machines animées (robots articulés, écrans, lampes, imprimantes, hauts-parleurs...) Celles-ci continuent de diffuser, en mode aléatoire, des documents, des informations, mais aussi des extraits d’œuvres de fictions populaires, des écrits, des images, des fragments d'enregistrements sonores ou vidéo : les résidus de notre société addict aux données et aux contenus, comme un bruit de fond de l'Anthropocène qui se serait figé après la disparition de notre civilisation.

Lecture d'extraits de la pièce dans le Grand Amphithéâtre de l'ENS Paris-Saclay à l'occasion du live du Développement Soutenable

-Résidence à l'ENS Paris-Saclay-

La Compagnie Enascor est accueillie depuis mai 2018 sur le campus de l’École Normale Supérieure Paris-Saclay. Cette résidence s'est d'abord déroulée sous la forme d'immersion dans le quotidien de l'école : assister à des séminaires, des cours, des travaux-pratiques, visiter des laboratoires ou encore participer à des colloques, tout en proposant des activités artistiques adaptées aux besoins et aux rythmes de ses habitants pour enfin envisager une œuvre de restitution baptisée Persistance : une déambulation à travers différents laboratoires avec des performances jouées par les enseignants-chercheurs, en partant de la configuration des lieux et en proposant une dramaturgie entre manipulations d'expériences et prises de parole autour la thématique de la transition.

Au cours de cette première saison, la Compagnie Enascor est également devenue structure ressource pour apporter savoir-faire et compétences sur différents projets de l'ENS Paris-Saclay qui nécessitaient une approche artistique : l'accompagnement des associations scéniques de l'école ; la production de formats ou de contenus (textes, enregistrements, performances...) pour des événements particuliers (expositions, workshops, débats scientifiques...) ; la participation à des groupes de recherche ou à des séminaires de formation sur des thématiques liées à la culture ; et bien entendu l'association au travail de préfiguration de la Scène de Recherche, le théâtre du nouveau bâtiment sur le plateau de Saclay, notamment dans la préparation de son ouverture, la journée Explore ! Pour l'occasion, a été présentée une seconde œuvre participative élaborée avec les normaliens intitulée Planète B, comme un terreau préparatoire au projet d'Effondré.e.s.

-L'ATOME-

Écriture et mise en scène - Julien Avril
Avec – Julien Large, Clémence Laboureau, Mathieu Ricard, Clémence Weill
Création musicale – Martin Antiphon et Olivier Pasquet
Scénographie, création lumière et vidéo – Élie Barthès

Production – Compagnie Enascor
Avec le soutien des Studios Virecourt, de Confluences – Lieu d'engagement artistique
du Théâtre de Verre Co-Arter, et de la Maison de Métallos

Texte lauréat de l'Aide à la Création pour les dramaturgies plurielles
d'ARTCENA

Création novembre 2017
Le Liberté - Scène Nationale de Toulon

-La Pièce-

Dans un espace entre bunker antiatomique, laboratoire de savant fou, garage squatté par des jeunes et salle d'étude de bibliothèque, quatre personnes, deux hommes et deux femmes, cherchent, lisent des livres, regardent des films, écoutent des bandes son, se documentent, s'interrogent, représentent, racontent et incarnent les liens entre l'humanité et la physique nucléaire. De la création de la matière lors du Big Bang, jusqu'à l'éternité de la durée de vie de certains déchets radioactifs de l'industrie nucléaire, ils dévoilent les problématiques historiques, politiques, scientifiques, sociales, ou encore environnementales ; ils mettent en lumière les paradoxes. La zone de Tchernobyl, la province de Fukushima, l'atelier de Pierre et Marie Curie, l'université de Copenhague, le canyon de Los Alamos au Nouveau-Mexique, le bombardier B-29 Enola Gay, le village de Plogoff en Bretagne, le parc nucléaire français sont tour à tour leur terrain de jeu et de questionnement. En partageant leurs recherches, en présentant des documents tels quels ou en les élaborant de manière poétique et théâtrale, ils invitent le public à être sensible, curieux, actif, autrement dit à entrer en réaction avec cette matière hautement instable, explosive et controversée.

-La compagnie-

La Compagnie Enascor est née de la rencontre d'artistes autour de l'écriture de Julien Avril lors de la création d'Un Grenier en automne en 2006 à l'Aktéon Théâtre. Une première pièce pour quatre personnages d'enfants, qui interroge notre inclination à jouer, à s'inventer des histoires, à donner aux autres un rôle, à donner du sens à nos relations.

En 2007, la compagnie crée Amuse-toi bien, demain... au Théâtre du Soleil, conte musical jeune public, fabriqué à partir de textes poétiques de Julien Avril mis bout à bout pour en faire une fable sur l'amour, le désir et la nostalgie de l'innocence.

En 2010, la compagnie crée Enfant de la Terre de Julien Avril, à la Manufacture des Abbesses. Imaginée à partir du discours de Severn Cullis-Suzuki qui, à 12 ans, prit la parole au sommet de la Terre de Rio en 1992, pour interpeller les adultes sur leur responsabilités quant à l'avenir de la planète, cette pièce raconte, sous forme d'un récit imaginaire et fantastique, les prises de consciences et l'engagement de la jeunesse.

Écrite par Julien Avril en 2011 comme projet de fin d'étude du Master de Mise en scène et Dramaturgie de l'Université de Nanterre, la pièce – L'Atome – propose une mise en lumière des problématiques liées à l'énergie nucléaire sous forme de théâtre documentaire. La pièce a reçu l'aide à la création du Centre National du Théâtre pour les Dramaturgies Plurielles. Le spectacle a été créé en 2017 au Liberté – Scène Nationale de Toulon puis repris au Théâtre de Belleville.

La Compagnie Enascor propose tout au long de ses créations, qu'elles soient destinées à la jeunesse ou à un public adulte, un questionnement sur notre rapport au monde, au temps et à l'autre. Même si elle aborde à travers ses spectacle des problématiques voisines (être ensemble, être libre, s'engager, grandir...) elle interroge à chaque fois l'écriture du théâtre, littéraire ou scénique, ne précédant jamais la forme au sens, travaillant à partir de matériaux différents : improvisations, poésie, contes, documents... repartant toujours du début. Seule la présence musicale est une constante, comme le souffle du sensible dans les voiles des mots qui naviguent entre nos pensées, nos rires, nos idées et nos tremblements. ''Enascor'' est un terme horticole latin qui signifie pour une plante naître, pousser, grandir.

-Contact-